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Catherine Deutsch

Maî­tresse de confé­rences en musi­co­lo­gie (Uni­ver­sité Paris-Sorbonne)
Doc­teure en musi­co­lo­gie (Paris-Sorbonne/Alma Mater Bologna)
Allo­ca­taire post-doctorale de l’Institut Émi­lie du Chatelet/Région Île-de-France  (pro­mo­tion 2009)
Mes recherches se foca­lisent sur l’Italie de la Renais­sance et du pre­mier Baroque, et tout par­ti­cu­liè­re­ment sur le madri­gal tar­dif (Gio­vanni de Macque, Carlo Gesualdo). Mes tra­vaux concer­nant les musi­ciennes portent essen­tiel­le­ment sur la per­cep­tion des pra­tiques musi­cales fémi­nines à la Renais­sance et au pre­mier Baroque, la place de la musique dans la construc­tion du genre et de l’identité fémi­nine, et l’analyse des dis­cours sur les musi­ciennes dans les écrits théo­riques huma­nistes (dis­cours, dia­logues), la fic­tion (nou­velles, théâtre, romans épiques) et la poé­sie. Ces recherches m’ont enga­gée éga­le­ment dans une réflexion sur les liens entre musique et éro­tisme à la Renais­sance. Après avoir com­plété des madri­gaux lacu­naires de Gio­vanni de Macque, je tra­vaille actuel­le­ment à la res­ti­tu­tion de la par­tie d’alto man­quante du Primo libro de madri­gali a cinque voci de Mad­da­lena Casu­lana (Venise, 1583).
Cur­ri­cu­lum et publi­ca­tions sur le site de l’équipe Patri­moines et lan­gages musicaux
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Tra­vaux sur les femmes, le sexe et le genre

Articles

« Musique et Eccel­lenza delle donne : les musi­ciennes dans les cata­logues de femmes illustres en Ita­lie, de Boc­cace à Cris­to­fano Bron­zini », Actes du col­loque Dis­cours sur l’égalité/inégalité des femmes et des hommes à l’échelle euro­péenne de 1400 à 1800 : Revi­si­ter la Que­relle des femmes, Saint-Étienne, Presses Uni­ver­si­taires de Saint-Etienne (sous presse)
« Défen­seurs ou cen­seurs ? Stra­té­gies de légi­ti­ma­tion et de condam­na­tion des pra­tiques musi­cales fémi­nines dans l’Italie des Cinque et Sei­cento », in Pra­ti­quer la musique au fémi­nin en France et en Ita­lie, de l’Humanisme au Roman­tisme : édu­ca­tion, repré­sen­ta­tion, déco­rum, éd. Cathe­rine Deutsch et Caro­line Giron-Panel, Lyon, Symé­trie, sor­tie pré­vue en 2013.

Ouvrage col­lec­tif (en préparation)

Pra­ti­quer la musique au fémi­nin en France et en Ita­lie, de l’Humanisme au Roman­tisme : édu­ca­tion, repré­sen­ta­tion, déco­rum, éd. Cathe­rine Deutsch et Caro­line Giron-Panel, Lyon, Symé­trie, sor­tie pré­vue en 2013.

Com­mu­ni­ca­tions

« Beau­tés divines, femmes savantes ou cour­ti­sanes ? Les femmes et la musique en Ita­lie aux xvie et xviie siècles », Ren­contres des Menus-Plaisirs (Centre de musique baroque de Ver­sailles, mai 2011).
« La musique et l’eccel­lenza delle donne dans l’Italie des Cinque-Seicento », Les musi­ciennes comme objet d’étude : enjeux et méthodes, jour­née d’étude du Centre de Recherche Inter­dis­ci­pli­naire sur les Musi­ciennes (Uni­ver­sité Paris-Sorbonne, mars 2011).
« Défen­seurs ou cen­seurs ? Stra­té­gies de légi­ti­ma­tion et de condam­na­tion des pra­tiques musi­cales fémi­nines dans l’Italie des Cinque et Sei­cento », jour­née d’étude Les pra­tiques musi­cales fémi­nines à l’Époque moderne : dis­cours et réa­li­tés (Centre de musique baroque de Ver­sailles, mars 2011).
« Baciami mia vita : Kis­sing Madri­gals », Annual Mee­ting of the Renais­sance Society of Ame­rica (Venise, avril 2010).
« Musique et ‘excel­lence des femmes’ entre Renais­sance et Baroque », Revi­si­ter la Que­relle des femmes, Les dis­cours sur l’égalité/inégalité des femmes et des hommes à l’échelle euro­péenne de 1400 à 1800, (Paris, SIEFAR – Colum­bia University/Centre Reid Hall, novembre 2011).

Jour­née d’étude organisée

Les pra­tiques musi­cales fémi­nines à l’Époque moderne : dis­cours et réa­li­tés, Jour­née d’étude, Centre de musique baroque de Ver­sailles, 5 mars 2011 (pro­gramme).
Mise à jour : février 2012

Caroline Giron-Panel

Caroline Giron-PanelArchi­viste paléographe
Membre de l’école fran­çaise de Rome (2008–2011)
Conser­va­trice à la Biblio­thèque natio­nale de France
Consa­crés à l’activité musi­cale dans les ospe­dali de Venise, mes tra­vaux s’intéressent à une caté­go­rie de musi­ciennes tout à fait par­ti­cu­lières : celles qui, ayant été accueillies dès l’enfance dans les ins­ti­tu­tions cha­ri­tables véni­tiennes après la mort de leurs parents ou à la suite d’un aban­don, sont deve­nues les « sirènes de l’Adriatique », contri­buant par leur talent musi­cal à la renom­mée artis­tique de la Répu­blique Sérénissime.
Si elles ne sont pas exclu­si­ve­ment consa­crées à l’histoire des femmes, mes recherches abordent néan­moins la ques­tion du genre à tra­vers deux axes pri­vi­lé­giés : celui des stra­té­gies d’ascension sociale mises en place par ces filles et des femmes et celui des repré­sen­ta­tions que leur acti­vité et leurs condi­tions de vie engendraient.
En d’autres termes, il s’agit de répondre à deux ques­tions : la musique pouvait-elle per­mettre à des orphe­lines ou des enfants aban­don­nées, théo­ri­que­ment condam­nées à un des­tin tra­gique, de s’élever au-dessus de leur condi­tion pre­mière ? le sta­tut par­ti­cu­lier de ces musi­ciennes vir­tuoses, béné­fi­ciant d’une for­ma­tion excep­tion­nelle et mises en scène par la Répu­blique pour ren­for­cer le mythe de Venise comme ber­ceau des arts, donnait-il lieu à un dis­cours spé­ci­fique sur la pra­tique musi­cale féminine ?

Publi­ca­tions rela­tives à l’histoire des femmes

Contri­bu­tion à des ouvrages collectifs

« De belles infi­dèles ? Les ospe­dali de Venise dans les rela­tions de voyage du XVIIIe siècle », dans Marie-Luce Pujalte et Véro­nique Meyer (dir.), Le voyage d’artiste en Ita­lie du Nord, Rennes : Presses Uni­ver­si­taires de Rennes, 2010, p. 113–128.
« Gli ospe­dali : luo­ghi e reti di socia­lità », col­loque Donne a Vene­zia : spazi di libertà e forme di potere (sec. XVI-XVIII), Uni­ver­sité Ca’Foscari, Venise, 8–10 mai 2008, dis­po­nible en ligne sur le site Sto­ria di Vene­zia.
« Orfane filar­mo­niche : l’éducation des orphe­lines à la musique dans la Venise du XVIIe siècle », dans Anne Defrance, Denis Lopez et François-Joseph Rug­giu (dir.), Regards sur l’enfance auXVIIe siècle [col­loque, Bor­deaux, 2005], Tübin­gen : Gun­ter Narr, 2007, p. 134–146 (« Biblio 17 », 172).

Articles de périodiques

« Des orphe­lines consa­crées à la musique : essai de défi­ni­tion et étude de l’environnement social et fami­lial des « filles du chœur » des ospe­dali véni­tiens », dans Mélanges de l’école fran­çaise de Rome – Ita­lie, Médi­ter­ra­née, n° 120–1, 2008, p. 189–210.
« Entre église et théâtre : la fugue de deux musi­ciennes véni­tiennes en 1783 », dans Clio, la revue d’histoire des femmes, n° 25, 2007, p. 99–119

Com­mu­ni­ca­tions

« La lyre d’Orphée dans les mains d’une grâce. La for­ma­tion des musi­ciennes dans les ospe­dali véni­tiens (XVIIeXVIIIe siècles) », col­loque Il posto dei bam­bini : infan­zia e mondo degli adulti tra medioevo ed età contem­po­ra­nea, Rome, école fran­çaise de Rome / Sapienza Uni­ver­sità, 5–6 octobre 2009.
« Mythes et réa­li­tés : images fan­tas­mées et sta­tut social des musi­ciennes à Venise (XVIIeXVIIIesiècles) », jour­née d’études Des femmes et de la musique, approches croi­sées, Gre­noble, Uni­ver­sité Pierre Mendès-France, 14 mars 2008.
« Piae vir­gines cho­ris­tae : women musi­cians of the Vene­tian ospe­dali (16th–18th cen­tu­ries) », congrès annuel du Women’s His­tory Net­work, Sou­thamp­ton, Solent Uni­ver­sity, 2–4 sep­tembre 2005.

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Bertrand Porot

Pro­fes­seur agrégé de musique
Maître de confé­rences, uni­ver­sité de Reims Champagne-Ardenne
Centre d’Études et de Recherches en His­toire Cultu­relle, uni­ver­sité de Reims Champagne-Ardenne et Patri­moines et lan­gages musi­caux, Paris-IV Sorbonne

Bertrand Porot

Après des études d’histoire de l’art (Élève de l’École du Louvre), de musi­co­lo­gie (CAPES et Agré­ga­tion de musique) ainsi que des études de cla­ve­cin (médaille d’or de l’École natio­nale de musique de Mantes-la-Jolie, Diplôme supé­rieur d’enseignement et d’exécution, École Nor­male de musique de Paris), Ber­trand Porot se consacre à la recherche : il obtient, à l’Université de Tours en 2001, les féli­ci­ta­tions du jury à l’unanimité pour sa thèse de doc­to­rat sur « Jean-Baptiste Stuck et la réunion des goûts au seuil du XVIIIe siècle », publiée aux Presses uni­ver­si­taires du Sep­ten­trion (2003).
Après avoir été pro­fes­seur agrégé dans l’Académie de Paris puis à l’IUFM de Cré­teil, il est actuel­le­ment Maître de confé­rences en his­toire de la musique baroque à l’Université de Reims et rat­ta­ché au Centre d’Études et de Recherches en His­toire Cultu­relle de cette uni­ver­sité. Ses recherches portent sur l’opéra et l’opéra-comique fran­çais, la musique ins­tru­men­tale ainsi que sur la vie musi­cale des XVIIe et XVIIIe siècles, notam­ment sur les femmes musi­ciennes. Il par­ti­cipe à de nom­breux col­loques en France et à l’étranger (USA) et a publié des articles pour les revues Avant Scène Opéra (Thé­sée de Lully), Musur­gia, la Revue d’analyse musi­cale, Le Jar­din de musique de Paris-IV Sor­bonne, etc.
Il a donné des cha­pitres d’ouvrage pour les édi­tions Mar­daga (Les Mélanges de Marc-Antoine Char­pen­tier, col­lec­tion Études du CMBV, éd. Cathe­rine Ces­sac) et Bré­pols (The Opéra-comique in the XVIII– and XIX-Centuries, coll. Spe­cu­lum Musi­cae, éd. Lorenzo Frassa). Il par­ti­cipe éga­le­ment à la col­lec­tion Biblio 17, au dic­tion­naire de musi­co­lo­gie Musik in Ges­chichte und Gegen­wart et au Dic­tion­naire des Femmes des Lumières, direc­tion Valé­rie André et Hughette Krief, éd. Honoré Cham­pion. Enfin il col­la­bore régu­liè­re­ment aux col­lec­tions de fac-similés chez Fuzeau (notam­ment pour l’œuvre théo­rique inté­grale de Rameau) ainsi qu’aux édi­tions Lully (édi­tion cri­tique d’Ama­dis).
Il est codi­rec­teur, avec Raphaëlle Legrand, du GRIMAS, groupe de recherches sur les arts de la scène de l’Équipe Patri­moine et Lan­gages Musi­caux (uni­ver­sité Paris-IV Sor­bonne). Il donne régu­liè­re­ment des confé­rences sur la musique baroque, notam­ment à l’association Cla­ve­cin en France, à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, à l’Université Paris-IV Sor­bonne, au Conser­va­toire Natio­nal des Arts et Métiers, au fes­ti­val Jean de La Fon­taine de Château-Thierry, au fes­ti­val d’Ambronnay (« L’illustre Marie-Françoise Cer­tain, cla­ve­ci­niste du Grand Siècle »).
Ber­trand Porot pré­pare un livre sur « L’Opéra-comique en France de 1697 à la Que­relle des Bouf­fons » pour les édi­tions Vrin, dans la col­lec­tion « MusicologieS ».
http://helios.univ-reims.fr/Labos/CERHIC/CERHIC/Porot_Bertrand.html

Ber­trand Porot first stu­dies musi­co­logy (Agré­ga­tion de musique) and harp­si­chord. Then, he devotes one­self to research : he defends a doc­to­ral the­sis at Tours Uni­ver­sity in 2001 entit­led « « Jean-Baptiste Stuck et la réunion des goûts au seuil du XVIIIe siècle », edi­ted at Presses uni­ver­si­taires du Sep­ten­trion (2003).
He is pre­sently Maître de Confé­rences in Baroque His­tory of Music at Reims Uni­ver­sity and  lin­ked to CERHIC. He also codi­rects with Raphaëlle Legrand of GRIMAS, a research team about sce­nic arts, which belongs to the Patri­moine et Lan­gages Musi­caux depart­ment   (Uni­ver­sité Paris-IV Sor­bonne). His own research deals with opera, opera-comique and musi­cal life in the  baroque per­iod in France.

Publi­ca­tions et confé­rences sur les femmes musiciennes

Articles

« Made­moi­selle Cer­tain, femme illustre, cla­ve­ci­niste du Grand Siècle, savante musi­cienne… », Femmes illustres, Donne illus­tri, Omag­gio a Rosa Galli Pel­le­grini, col­lec­tion Études t(h)é(lé)matiques, Dépar­te­ment d’Études Fran­çaises, Uni­ver­sité de Gênes, Publi­fa­rum, 2, 2005 : http://www.farum.it/publifarumv/n/02/porot.php
« “Les Gens de goût” : les ama­teurs de cla­ve­cin dans les para­textes des XVIIe et XVIIIe siècles », Le Jar­din de musique, Musique ancienne en Sor­bonne, Équipe Patri­moines musi­caux, vol. IV, 1–2, 2007.
Dic­tion­naire des femmes des Lumières, Valé­rie André et Hughette Krief (dir.), Honoré Cham­pion, articles : Marie-Françoise Cer­tain, Cathe­rine Lemaure, Marie Pélis­sier, Rosa­lie Levas­seur, à paraître 2010.

Confé­rences

« Être une femme musi­cienne sous l’Ancien Régime », Fes­ti­val Pré­sences Fémi­nines, Tou­lon, 11 mars 2011.
« Mlle Cer­tain, cla­ve­ci­niste et femme du Grand Siècle », concert-portrait avec Aline Zyl­be­rasch cla­ve­cin, fes­ti­val d’Ambronnay, octobre 2008.
« Les Femmes musi­ciennes d’Ancien Régime », Société cham­pe­noise de musi­co­lo­gie, Reims, pré­vue décembre 2011.

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Sylvie Granger

Maî­tresse de confé­rences en His­toire Moderne à l’Université du Maine (Le Mans),

Centre de Recherches His­to­riques de l’Ouest (CERHIO) UMR 6258

Sylvie Granger

Rien n’est hasard dans nos choix de sujets de recherche comme d’enseignement.
-> En tant qu’enseignante à l’Université du Maine, j’ai la grande chance, depuis plu­sieurs années, de pou­voir par­ta­ger avec les étu­diants des champs de tra­vail qui cor­res­pondent à dif­fé­rentes facettes de mes centres d’intérêts per­son­nels : une ini­tia­tion à la recherche en archives, une ana­lyse des conquêtes de l’imprimé de Guten­berg à la Révo­lu­tion, un cours/atelier sur Danse(s) et Société(s) du XVIe au XIXe siècle. En effet, les archives sont à mes yeux la base irrem­pla­çable et tou­jours nour­ris­sante du métier d’historien ; la cir­cu­la­tion des cultures durant la période moderne me pas­sionne et peut éclai­rer cer­tains des cli­vages cultu­rels d’aujourd’hui ; enfin, je suis aussi dan­seuse (ama­teure) et convain­cue que les danses anciennes apportent des réponses pré­cieuses pour notre époque qui réclame « moins de biens, plus de liens » [Edgar Morin].
-> En tant que cher­cheuse, mon ques­tion­ne­ment de départ était d’ailleurs orienté sur la danse et sur les méca­nismes de sa trans­mis­sion des milieux sociaux supé­rieurs vers les milieux popu­laires, de Paris vers les pro­vinces… puis j’ai élargi ma curio­sité à l’ensemble des acti­vi­tés musi­cales et à toutes les caté­go­ries des métiers de la musique. De ce fait, ma thèse s’intitule « Les métiers de la musique en pays man­ceau et flé­chois, 1661–1850 » (1997). La pers­pec­tive n’était pas « gender-history », mais j’y bros­sais déjà quelques por­traits de musi­ciennes (Char­lotte Salade-Lavigne, 1737–1770, orga­niste à La Flèche ; Anne-Flore Mal­let et Adé­laïde Veim­rin­ger, orga­nistes au Mans au moment de la Révo­lu­tion…), et je m’étais pro­mis d’y reve­nir plus tard.
Dans les années sui­vantes, j’ai étendu mon enquête aux autres villes de la région centre/ouest et publié « Musi­ciens dans la Ville, 1600–1850 » chez Belin (2002) où je rele­vais que sur un cor­pus de 1003 indi­vi­dus iden­ti­fiés, 31 seule­ment étaient des femmes : « La musique, dans son exer­cice public, est alors pro­priété pri­vée des hommes — elle le res­tera long­temps » [1].
Quoique ralenti alors par sept ans de man­dat muni­ci­pal (consa­cré à la lec­ture et au patri­moine), mon tra­vail de recherche a conti­nué à scru­ter la vie cultu­relle des milieux urbains pro­vin­ciaux au XVIIIe siècle : appro­fon­dis­se­ment de la connais­sance du groupe pro­fes­sion­nel spé­ci­fique des musicien.ne.s ; obser­va­tion des cir­cu­la­tions et trans­mis­sions des pra­tiques cultu­relles et des réper­toires d’un milieu social à l’autre, d’une région à l’autre, d’un genre à l’autre…
-> C’est mon immer­sion dans la grande enquête pro­so­po­gra­phique sur les musi­ciens de 1790 qui m’a donné l’occasion de renouer avec les femmes orga­nistes [2]. À l’heure où l’enquête approche de sa fin, elle a d’ores et déjà révélé un tissu actif de musi­ciennes pro­fes­sion­nelles exer­çant en 1790 dans les églises et les cou­vents sur l’ensemble du ter­ri­toire fran­çais, en plus forte den­sité dans la moi­tié nord. En mul­ti­pliant les infor­ma­tions dis­po­nibles, cette enquête per­met de diver­si­fier les angles de vue, et notam­ment d’établir des com­pa­rai­sons solides entre car­rières mas­cu­lines et car­rières fémi­nines, rému­né­ra­tions, types de poste etc… Elle donne nais­sance à une base de don­nées pro­so­po­gra­phiques actuel­le­ment en cours de consti­tu­tion (Philidor-Muséfrem), qui sera à terme dis­po­nible pour toute la com­mu­nauté scien­ti­fique. Ma base de don­nées per­son­nelle com­porte aujourd’hui 3 600 indi­vi­dus ayant exercé un métier musi­cal entre 1600 et 1850 dans une vaste zone « Ouest-Centre-Ouest ». Parmi eux : 270 femmes. Les effec­tifs res­tent modestes, mais la plu­part de ces femmes (de l’ordre de 90 % au moins) étaient tota­le­ment incon­nues jusqu’alors des chercheurs.
En concen­trant mes recherches sur les milieux pro­vin­ciaux d’une part (loin de l’axe Versailles/Paris, loin de la Cour et de l’Opéra…) et sur les femmes d’autre part, je prends le risque d’une double mar­gi­na­lité, d’une invisibilité-puissance plus ! Je sais que je ne débus­que­rai ni grands noms, ni par­ti­tions cachées et que je n’intéresserai donc ni les musi­ciens en quête de réper­toire, ni le grand public curieux des vedettes, ni les médias friands de scoops. Pour­tant, ces femmes obs­cures sont fas­ci­nantes, par les mys­tères qui entourent leurs iti­né­raires (notam­ment leur accès à la for­ma­tion) et par leur obs­ti­na­tion à vivre de la musique. Elle furent de celles qui enta­mèrent la marche déter­mi­née à la pro­fes­sion­na­li­sa­tion et à l’autonomie éco­no­mique dont nous appré­cions les fruits aujourd’hui.
C’est devenu pour moi un devoir que de par­ler d’elles, de recons­ti­tuer leurs par­cours bio­gra­phiques et de les faire sor­tir de l’ombre. À défaut de les faire sor­tir du silence
J’attends du CReIM qu’il soit un lieu de par­tage et d’émulation intel­lec­tuelle, un enri­chis­se­ment métho­do­lo­gique par le croi­se­ment de nos diverses spé­cia­li­tés et aussi un outil de visi­bi­lité pour nos recherches autour des musi­ciennes d’autrefois et d’aujourd’hui.
Syl­vie GRANGER,  Le Mans, 24 mai 2011

[1] Musi­ciens dans la Ville, p. 273. C’est une cita­tion indi­recte de l’écrivain cari­béen Daniel Maxi­min (L’Isolé Soleil, Seuil, 1981) : « Mal­hia, tu m’avais dit un soir que s’ils avaient pu imi­ter notre voix, les musi­ciens se seraient pas­sés de nous. La musique est une pro­priété pri­vée des hommes. Tu avais ajouté : “Tam­bien la poe­sia !”. La poé­sie aussi. » (page 136, édi­tion points-poche).
[2] Enquête MUsiques d’Église en FRance à l’Époque Moderne (Musé­frem), sous la direc­tion de Ber­nard Domp­nier (Uni­ver­sité Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand), sou­tenu par l’ANR sur 2009–2012.

Publi­ca­tions sur les musi­ciennes :

Gran­ger Syl­vie, 2008, « Les musi­ciennes de 1790, aper­çus sur l’invisibilité », Revue de musi­co­lo­gie, n°94/2, décembre 2008, pages 289 à 308.
Gran­ger Syl­vie, 2009 — avec Isa­belle Lan­glois, « Une orga­niste chez les béné­dic­tines de Cus­set : Jeanne Foulhouze-Dupont (1733–1813) », Bour­bon­nais baroque ? Aspects du baroque et du clas­si­cisme aux XVIIe et XVIIIe siècles dans l’Allier, Annie Regond et Henri Delorme (dir.), Sou­vi­gny, 2009, p.121–122.
Gran­ger Syl­vie, 2011 — « Deux Orga­nistes aux des­tins voi­sins : Marie-Claude Renault-Bainville (1724–1803) & Jeanne-Marie Bertrand-Jannot (1738–1804) », Annales His­to­riques de la Révo­lu­tion fran­çaise, 2011, n° 4, pages 3 à 27.
Gran­ger Syl­vie, 2012 - avec Fran­çois Caillou et Chris­tophe Maillard, « Deux Géné­ra­tions de musi­ciens au XVIIIe siècle : la famille Dobet de Chartres à Châ­teau­dun, 1713–1839 », Revue His­to­rique, n° 662, avril 2012, pages 391 à 419 [4 musi­ciens de la même famille, dont une femme]
Gran­ger Syl­vie, 2012 - avec Serge Ber­tin, Femmes en Sarthe, Actrices de leur temps, Libra-Diffusio, 2012, 272 pages. [120 por­traits de femmes… dont plu­sieurs musi­ciennes, d’hier et d’aujourd’hui]
Gran­ger Syl­vie, 2012 - avec Ber­nard Domp­nier et Isa­belle Lan­glois, « Deux mille musi­ciens et musi­ciennes d’Église en 1790 », His­toires indi­vi­duelles, his­toires col­lec­tives, Sources et approches nou­velles, sous la dir. de Chris­tiane Demeulenaere-Douyère et Armelle Le Goff, Édi­tions du Comité des Tra­vaux his­to­riques et scien­ti­fiques, 2012, pages 221 à 235.
Gran­ger Syl­vie, 2013 — «  Nor­man­die, Une terre de musi­ciennes », Orgues Nou­velles, n° spé­cial « Nor­man­die du XIIe au XXIe siècle », n°21, été 2013, p. 16–17.
Gran­ger Syl­vie, 2013 — « Femmes orga­nistes en Sarthe au temps de la Révo­lu­tion », La Vie Man­celle et Sar­thoise, n°431, octobre 2013, p. 16 à 20.

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Raphaëlle Legrand

Raphaëlle LegrandPro­fes­seure de musi­co­lo­gie à Paris-Sorbonne où elle enseigne l’histoire et l’analyse de la musique baroque, membre du comité de pilo­tage du CReIM, membre du Comité de Direc­tion de l’Institut Emi­lie du Châ­te­let, accor­déo­niste du groupe de chant fémi­niste les Voix Rebelles.
Ses recherches concer­nant les musi­ciennes portent sur l’opéra et l’opéra-comique en France à l’époque baroque et prin­ci­pa­le­ment sur les chan­teuses (leur car­rière, leur récep­tion, leur rôle dans la concep­tion des œuvres lyriques qu’elles inter­prètent), sur les per­son­nages fémi­nins dans l’opéra, sur l’interprétation actuelle du réper­toire baroque (en par­ti­cu­lier celui des castrats).
Mots-clés : Arnould (Sophie), chan­teuse, Favart (Marie-Justine), musique baroque, opéra, opéra-comique, per­son­nage fémi­nin, xviiie siècle.
CV com­plet sur Patri­moine et Lan­gages Musicaux

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Biblio­gra­phie sélective

Contri­bu­tions à des ouvrages collectifs

• « Baguettes et mou­choirs : les héroïnes des tra­gé­dies en musique », Musique : Filia­tion et rup­tures, Paris, Cité de la Musique, 2005, p. 89–96.
• « Liber­tines et femmes ver­tueuses : l’image des chan­teuses d’opéra et d’opéra-comique en France au XVIIIe siècle », Hélène Mar­quié, Noël Burch, éd., Éman­ci­pa­tion sexuelle ou contrainte des corps ?, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 157–175.
• « Les Amours de Bas­tien et Bas­tienne de Marie-Justine Favart et Harny de Guer­ville : paro­die ou éloge du Devin du vil­lage de Jean-Jacques Rous­seau ? », Rous­seau et la musique, Jean-Jacques et l’opéra…, Actes du col­loque sur le Devin du vil­lage, 15 avril 2003, Pierre Saby, éd., Lyon, Uni­ver­sité Lumière Lyon 2, 2006, p. 173–194.

Articles de périodiques

• « Les débuts de Sophie Arnould à l’Opéra (1757–1760) : images de l’ “actrice chan­tante” et de son réper­toire », Musur­gia, XI, 1–2, 2004, p. 21–36.
• « Sophie Arnould : une trop tou­chante Argie », L’Avant Scène Opéra, 219, Rameau, Les Pala­dins, mars-avril 2004, p. 76–83.

Notices de dictionnaires

• Mar­celle Benoît, éd., Dic­tion­naire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1992 (notices sur les chan­teuses du XVIIIe s.)

Notes de pro­gramme, pochettes de CD, divers

• « Por­trait de Marie Fel en Folie », Jean-Philippe Rameau, Pla­tée, Paris, Opéra Natio­nal de Paris, [1999], p. 67–70.  [programme]

Com­mu­ni­ca­tions à des colloques

• « Marie-Thérèse Laruette et Marie-Jeanne Trial : per­sonnes et per­son­nages », L’Opéra-comique à l’époque de Boiel­dieu (1775–1834) : dra­ma­tur­gie et dif­fu­sion, col­loque inter­na­tio­nal, Uni­ver­sité  de Rouen, Société Fran­çaise de Musi­co­lo­gie, 15–17 mars 2001.
• « Les débuts de Sophie Arnoult à l’Opéra : images de la can­ta­trice en scène », La voix des XVIIe et XVIIIe siècles et ses images, col­loque, Uni­ver­sité de Rennes 2, 2002.
• « Bas­tien et Bas­tienne de Marie-Justine Favart : Eloge et cri­tique du Devin de Rous­seau », col­loque inter­na­tio­nal, Rous­seau, la musique, l’opéra, Autour du Devin du vil­lage, Uni­ver­sité Lumière Lyon 2, UMR LIRE (CNRS-Lyon 2), Biblio­thèque muni­ci­pale de Lyon, 15 avril 2003.
• « Liber­tines et femmes ver­tueuses : l’image des chan­teuses d’opéra et d’opéra-comique en France au 18e siècle », Sémi­naire Rap­ports sociaux de sexe dans le champ cultu­rel,
• Centre d’Histoire Cultu­relle des Socié­tés Contem­po­raines, Uni­ver­sité Ver­sailles Saint-Quentin, Paris, New York Uni­ver­sity, 10 jan­vier 2003.
• « De l’emploi au Fach, les inter­prètes co-auteurs de l’oeuvre lyrique », L’identité de l’oeuvre musi­cale, Jour­née d’études du Doc­to­rat d’interprète, CNSMDP-Paris Sor­bonne (PLM), 13 mars 2010.
• « Per­sonnes et per­son­nages à l’Opéra : quel sexe pour Jules César ? », Sémi­naire « Sexe et Genre, pour un dia­logue inter­dis­ci­pli­naire au car­re­four des sciences humaines et des sciences de la vie », Ins­ti­tut Emi­lie du Châ­te­let, CNRS, Muséum Natio­nal d’Histoire Natu­relle, 10 décembre 2010.
• « Voix du cœur, voix du corps : les chan­teuses d’opéra dans la France des Lumières », Les pra­tiques musi­cales fémi­nines à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles) : dis­cours et réa­li­tés, jour­née d’études, Centre de Musique Baroque de Ver­sailles, 5 mars 2011.
• « Quelques enjeux de la théo­rie fémi­niste appli­qués à l’étude des musi­ciennes », Les musi­ciennes comme sujet d’étude : enjeux et méthodes, jour­née d’études, CReIM, Uni­ver­sité Paris-Sorbonne, 26 mars 2011.